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Violence (DE TOUTES SORTES)!!!!!!!
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27 mai 2011

Agression au travail:

 

viewlogoAgression au travail: "En France, on se place toujours du côté du violeur"

Par Emmanuelle Defaud, publié le 26/05/2011 à 14:30, mis à jour à 16:27

 

DSK poursuivi pour agression sexuelle, enquête préliminaire contre Tron pour harcèlement sexuel... Les deux affaires mettent en cause le comportement de personnalités vis-à-vis d'employées. Quelle place pour les victimes dans ces procédures?

Gwendoline Fizaine est chargée de mission à l'AVFT (Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail), qui accompagne les femmes tout au long de leur procédure. L'AFVT traite actuellement 350 à 400 dossiers et comptabilise 250 saisines par an. 

L'affaire DSK et, ce mercredi, une plainte contre le député Tron pour harcèlement sexuel ramène la question de la violence faite aux femmes au travail au coeur de l'actualité. Comment prennent-elles contact avec vous?

Agression au travail: "En France, on se place toujours du côté du violeur"

REUTERS/Mike Segar

Quand elles nous joignent à la permanence téléphonique, c'est parfois la première fois qu'elles en parlent, ou en tout cas qu'elles entrent dans les détails. Elles sont beaucoup dans la culpabilité. Nous essayons de poser les responsabilités, nous nommons les violences qu'elles ont subies pour leur montrer que ça correspond à une réalité juridique. Nous mettons aussi en avant ce qu'elles ont pu dire ou faire pour signifier que, non, elles ne voulaient pas. Elles sont souvent persuadées que c'est de leur faute, qu'elles n'ont pas été claires. On leur demande d'écrire leur récit. Pour des raisons procédurales, bien sûr - on a une parole exhaustive- mais ça leur permet aussi de prendre du recul et de comprendre dans quels pièges elles sont tombées. Enfin, après, elles peuvent se laisser aller à oublier, elles ne sont plus obligées de se souvenir. 

Quelle est la spécificité du harcèlement sexuel, de l'agression sexuelle ou du viol au travail?

C'est une violence discontinue qui s'inscrit dans la durée. Il y a des phases de tranquillité au cours desquelles les victimes peuvent penser que "C'est bon, il a compris, il ne recommencera pas". Cela peut expliquer qu'elles n'en parlent pas pendant longtemps. Dans ce cas, le déclic n'intervient que quand elles craquent: malaises, arrêts maladies, leur santé entre en jeu. Forcées au repos, elles se rendent compte à ce moment de ce qu'elles viennent de vivre. L'élément déclencheur peut être une altercation violente, ou une remise en cause de leur contrat, elles qui subissent souvent ce harcèlement de peur de perdre leur emploi. Le déclic peut aussi venir du fait qu'elles apprennent qu'il y a d'autres victimes, comme c'est le cas dans l'affaire Tron. La première victime se dit alors: "Non je ne peux pas laisser faire ça". 

Comment réagit leur entourage en général?

Les violences sont souvent banalisées. Des collègues ou les employeurs disent: "Tu te fais des idées", "Tu n'as pas d'humour", "T'es coincée", "Tu rêves, tu t'es vue, il ne s'intéresse pas à toi", "Tu es hyper-sensible", "C'est parce que tu as déjà subi des violences avant"... 

La première personne à laquelle elles se confient joue un rôle décisif. Il y a des raisons personnelles, culturelles qui font qu'elles n'iront pas porter plainte. Parfois, le conjoint lui-même refuse d'y croire ou pense que c'est trop risqué pour son emploi de porter plainte. 

Elles peuvent aussi être mal reçues par la police. On a connu des cas où les policiers ont refusé d'enregistrer la plainte ou ont conseillé à la victime de déposer une main courante ou de se tourner vers les prud'hommes. 

Même la justice renvoie ce message. Récemment, j'ai entendu une magistrate dire: "Ça devrait vous faire plaisir que votre employeur vous fasse des compliments". Il y a aussi une banalisation par la justice: un viol peut être requalifié en agression sexuelle ou en harcèlement. Dans les dossiers que nous traitons, un tiers des victimes dénoncent des viols et seuls cinq ont obtenu un passage en Cour d'assises. 

L'affaire DSK a-t-elle changé des choses ?

Nous avons eu beaucoup de retour des victimes. Elles étaient révoltées par les réactions de personnages publics. Tout le monde s'est senti libre de s'exprimer, mais les propos qui ont été tenus de "troussage de domestique" ou "il n'y a pas mort d'homme", on les retrouve dans chaque dossier. 

Elles ont revécu leur parcours du combattant, une véritable gifle pour elles. C'est toujours leur parole à elles qui est mise en doute. Dans tous les cas en France, on se met à la place du violeur.  

Mais alors faut-il porte plainte?

C'est à chaque femme de décider en fonction de ses priorités et ses objectifs. Dans certains cas, il y a peu de chance de condamnation. 80 à 90% des plaintes sont classées sans suites. Mais porter plainte est utile même sans condamnation. Même si on a pas de certitude quant à l'aboutissement d'une plainte, cela permet de dénoncer officiellement les faits, de visibiliser les violences sexuelles et c'est un avertissement. L'agresseur est interrogé. Ça peut être la motivation principale de la victime: qu'il ne recommence pas. Mais j'ai bien peur que les victimes ne retiennent qu'une chose de l'affaire DSK. L'absence de prise en compte de la parole de la victime pendant les premiers jours pourrait en effet les dissuader de parler. 

Des appels en hausse

Laetitia Bernard, également chargée de mission pour l'association, avait une vision moins pessimiste des conséquences de l'affaire Strauss-Kahn. "Nous avons beaucoup d'appels en ce moment. Certaines femmes nous disent que l'affaire DSK leur a donné le courage de parler. Elles sont contentes que la victime soit entendue face à un homme de cette importance." 

 
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